"Femme de ménage", est-ce une expression à bannir ?

Une maçonne, une mécanicienne et pourquoi pas un « homme de ménage » ?

Le terme « ménage » a longtemps été associé au genre féminin, que ce soit dans les métiers de la propreté ou au sein du foyer. Évolution des modèles familiaux ? Prise de conscience de la charge mentale de la femme ? Culpabilité ? Lutte contre les stéréotypes ? Les mentalités évoluent et les hommes acceptent plus volontiers de faire leur part de tâches ! Désormais, passer l’aspirateur, faire le linge, les poussières ou le repassage, c’est aussi leur affaire ! S’ils s’investissent plus dans des tâches ménagères ou parentales, les femmes, quant à elles, s’impliquent davantage dans le bricolage et le jardinage, et consacrent moins de temps à la préparation des repas ou à la couture. Malgré ces changements, l’inégalité est encore bien présente avec 73 % d’entre elles qui affirment toujours en faire plus que leur conjoint (étude IFOP 2019 pour consolab). Dans le secteur de l’emploi, les femmes représentent encore 64 % des employés (chiffres clés nationaux du secteur de la propreté pour 2021, Le Monde de la Propreté). Bien que la profession soit encore très féminisée, la ségrégation professionnelle s’est considérablement réduite. Dorénavant, on lutte pour une situation plus égalitaire, visant à réduire les stéréotypes de genre et les discriminations. Les métiers ne sont alors plus assignés à un sexe. Les femmes occupent de plus en plus de postes traditionnellement masculins, et vice versa. Pour ce qui est de l’équité des salaires, en revanche, il y a encore bien des progrès à faire ! Si la situation semble avoir évolué en termes d’égalité des métiers et de répartition des tâches au sein des ménages, qu’en est-il des expressions utilisées pour qualifier ces hommes et ces femmes travaillant dans le secteur de la propreté ?

Ménagez vos expressions !

À l’origine, l’expression « femme de ménage » s’est popularisée car la majorité des personnes exerçant ce métier était presque exclusivement des femmes. Cette profession, existant depuis des siècles, incluait déjà des hommes, bien que minoritaires. Les employés étaient appelés « domestiques » et travaillaient auprès des familles les plus aisées de la noblesse puis de la bourgeoisie pour y effectuer des travaux ménagers. Historiquement, ce métier n’a pas toujours été valorisée, comme en témoignent des synonymes démodés et peu gratifiants, révélant des conditions de travail dures :

  • puce “Valet” : exclusivement réservé aux hommes
  • puce “Servante” ou “serviteur” : composés du verbe « servir »
  • puce “Larbin” ou “laquais”: exclusivement réservé aux hommes (synonyme de “servile”)
  • puce “Bonne (à tout faire)” : référence aux nombreuses tâches
  • puce “Boniche” : dérivé péjoratif de “bonne”

Ne serait-il pas choquant d’en faire encore usage aujourd’hui ? Heureusement, les nombreuses expressions pour qualifier ce seul et même métier ont évolué. La profession est désormais reconnue et les tâches ménagères ne sont plus dépréciées comme par le passé. Le ménage est devenu un élément majeur du bien-être et du confort que ce soit au sein de la maison, des espaces publics ou des entreprises.

De l’égalité jusqu’aux mots !

On constate que les intitulés de métiers dans les annonces d’offres d’emploi relatives au secteur de la propreté ne sont plus exclusivement réservés aux femmes. D’ailleurs, aucune disposition légale n’impose de d'utiliser le genre féminin ! La langue française, où l’usage du masculin prédomine encore, revoit ses bases et opte pour un rééquilibrage paritaire avec l’utilisation d’un langage parlé et écrit “dégenré”. Fini la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin ! Avec la banalisation de l’écriture inclusive, on applique désormais un ensemble de règles et pratiques linguistiques en faveur de la mixité. On privilégie des mots plus neutres sur le plan du genre, des termes qui se masculinisent ou se féminisent (« Femme, j’écris ton nom », guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions, 1999). Bien sûr, ces initiatives contribuent également à dynamiser l'emploi et à promouvoir une meilleure égalité des chances dans le secteur. Par exemple, pour les femmes et hommes travaillant chez les particuliers, nous emploierons des termes plus génériques et asexués tels que :

  • puce Employé·e·s de maison / employé·e·s de ménage : utilisation du point médian (ou point du milieu) pour inclure les deux sexes, ajout de la forme féminine (accord) avec la voyelle « e »
  • puce Femmes/hommes de ménage : remplacement par le nom équivalent
  • puce Aide-ménagère : mot composé épicène, c’est-à-dire dont la forme ne varie pas selon le genre
  • Les entreprises font elles aussi usage de termes plus techniques et non genrés. Elles ne diront plus qu’elles font appel à des “ femmes de ménage” mais plutôt à des :
  • puce Techniciens ou techniciennes de surface
  • puce Agent·e·s de ménage
  • puce Agent·e·s d’entretien
  • puce Agent·e·s de propreté

En ce qui concerne le tourisme, même principe avec les termes : “gouvernant·e·s ” ou encore “femmes/hommes de chambre”. Si les noms de postes ne semblent plus laisser transparaître de genres, l’expression « fée du logis », qui permet de qualifier la qualité du travail, mériterait d’être revue à son tour ! Ainsi, les hommes qui nettoieraient un espace en un coup de baguette magique auraient aussi leur propre expression méliorative !

Une expression encore enracinée

Malgré toutes les nouvelles déclinaisons possibles de l’expression « femme de ménage », ces variantes ne font malheureusement pas encore partie du langage courant des français·es. Ainsi, « femme de ménage » semble encore être la locution la plus usuelle. Le terme « ménage » limiterait-il donc encore son sens à un travail effectué exclusivement par les femmes ?