L’entretien et le nettoyage du cuir, un art délicat

On parle de cuir mais il serait plus approprié de parler des cuirs car il en existe une variété impressionnante. Selon son origine, les traitements qu’il a subi, son aspect final et la façon dont il est utilisé, il y a d’énormes différences. Tous ces facteurs sont à prendre en compte si vous voulez nettoyer et entretenir vos articles en cuir : canapé, sac, veste de motard, chaussures de ville ou de montagne…

Une matière protéiforme

Le cuir de bovins est de loin le plus utilisé, à commencer par celui de vachette mais aussi de veau ou, plus rarement, de buffle. Le cuir d’agneau n’est pas loin derrière, notamment pour les vestes, les sacs à main et les chaussures. On trouve encore d’autres cuirs issus de l’élevage : de mouton, de porc, de chèvre, de cheval…

Il existe aussi des cuirs “exotiques”, dont certains proviennent de trafics illégaux. Parmi les espèces autorisées, on trouve des reptiles (alligators, pythons, lézards…), des poissons (anguilles, requins, saumons…), des mammifères (antilopes, pécaris), des batraciens (grenouilles, crapauds) et les autruches.

Des cuirs “végétaux” sont aussi en train d'être développés : éco-cuir (coton ou lin, maïs ou soja + huiles végétales), Piñatex (feuilles d’ananas), Vegea (marc de raisin), à base de champignon, d’eucalyptus, d’hévéa, de liège, de pomme… Dans les faits, nombre d’entre eux sont un mélange de végétaux et de polymères issus du pétrole¹.

Pour être transformée en cuir, la peau animale subit plus d’une dizaine de traitements (chimiques et mécaniques) pendant 4 à 5 semaines en moyenne. Mais cela varie grandement selon les méthodes et le résultat souhaité.

On obtient ainsi différents types de cuirs : le crust (très peu traité), le cuir “végétal” (peau traitée avec des poudres végétales), le cuir “pleine fleur” (partie supérieure de la peau), le cuir “fleur sciée” (un cuir similaire, de meilleure qualité), le nubuck (peau poncée pour créer un aspect velouté), le velours (procédé similaire, plus bas de gamme) et la croûte de cuir (partie inférieure de la peau, de faible qualité). Le daim, aussi appelé suédé ou suède, est en réalité soit du nubuck, soit du velours. Le simili cuir est quant à lui 100 % synthétique : c’est une imitation à base de plastique.

Pour terminer, l’aspect final du cuir dépend des finitions. Il existe notamment le cuir aniline (fine couche d’huile incolore ou légèrement pigmentée conservant la texture et l’aspect naturel du cuir), semi-aniline (même traitement avec une couche protectrice pour rendre le cuir plus résistant), pigmenté (cuir teint et/ou couvert d’une couche de pigments opaque) et verni (couche rigide donnant un aspect laqué).

Ce qu’il faut savoir sur le cuir

Il n’est pas vraiment lavable : à l’inverse d’autres matières qui se nettoient en profondeur pour retrouver leur propreté, le cuir ne doit absolument pas être imprégné ou plongé dans de l’eau, ni shampouiné (sauf produit dédié). Plutôt que nettoyé, il doit être entretenu afin d’éviter les taches, l’usure prématurée et les dommages (rayures, craquelures, moisissure…).

Le cuir a besoin de douceur : utiliser une brosse dure, une paille de fer ou le grattoir d’une éponge risque d’user, de rayer ou de casser ses fibres. Mieux vaut aussi éviter les produits trop agressifs comme l’alcool et les produits qui en contiennent, le vinaigre blanc, le citron, l’ammoniaque, l’eau de javel (même dilués), le bicarbonate de soude et la pierre d’argile. Le cuir ne doit pas non plus sécher avec de la chaleur car il va se déshydrater et devenir cassant (radiateur, cheminée, sèche-cheveux, sèche-linge…). Enfin, les cires naturelles ont tendance à “étouffer” le cuir.

Les 2 astuces de nettoyage “universelles”

Surtout s’il est peu traité, le cuir a besoin de “respirer”. Veillez donc à le dépoussiérer 1 à 2 fois par semaine. Pour cela, vous devez vous munir des bons accessoires : un chiffon très doux comme une peau de chamois (ou chamoisine) et une brosse douce pour les zones moins accessibles. Pour les chaussures, le dépoussiérage se fait avec une brosse appelée décrottoir. Privilégiez un poil naturel aussi doux et fin que possible pour pouvoir l’utiliser sur tous les cuirs, y compris les plus délicats.

Les taches grasses (de beurre ou d’huile) et liquides peuvent être absorbées avec de la Terre de Sommières. Si elles ne s’effacent pas immédiatement, elles seront estompées et s’atténueront puis disparaîtront au fil du temps. Après avoir retiré un maximum de matière avec une cuillère, un chiffon ou un papier absorbant (le déposer sans appuyer ni frotter), il suffit de verser la poudre sur la tache, de la laisser poser et de l’aspirer. Le temps de pose dépend de l’épaisseur et de la densité de la tache. Mieux vaut compter 2 h dans un premier temps et renouveler l’opération si besoin.

Les cuirs les plus faciles à nettoyer

Le simili-cuir : même si ce n’est pas vraiment du cuir, il en a l’apparence et est suffisamment bon marché pour séduire de nombreuses personnes. Cette matière ne nécessite aucune précaution particulière, mis à part de ne pas la frotter trop longtemps ou trop fort et de ne pas utiliser d’eau bouillante.

Le cuir verni : ici, le cuir n’est pas en contact avec l’extérieur et est complètement imperméable. En vous assurant qu’il n’y a ni rayure, ni fendillement et que le vernis ne s’écaille pas, vous pouvez le nettoyer à l’éponge. Évitez néanmoins de frotter ou de gratter la surface. Préférez utiliser le côté absorbant de l’éponge, de l’eau tiède et un nettoyant au pH neutre pour ne pas détériorer le verni (savon, liquide vaisselle…). Pensez à faire un second passage avec de l’eau claire puis essuyez avec un chiffon.

Le cuir imperméabilisé : il peut être nettoyé de la même façon que le cuir verni mais uniquement si vous avez la certitude que le produit assure toujours sa protection. Il devra ensuite être réimperméabilisé. Dans le cas contraire, mieux vaut opter pour un chiffon doux et un nettoyant spécifique puis appliquer un produit nourrissant avant sa réimperméabilisation (laisser sécher complètement entre chaque étape).

Le cuir pigmenté : s’il s’agit d’une couche de couleur, celle-ci est généralement vernie ou désimperméabilisée. Le nettoyage se fera donc comme ci-dessus. Pour des cuirs teintés en profondeur, tout dépend des autres traitements utilisés.

Le cuir gras : certaines chaussures sont conçues pour résister aux agressions extérieures, que ce soit pour faire de la marche, du trek ou un usage professionnel. Elles sont confectionnées avec un cuir enrichi en matières grasses, reconnaissable à son aspect mat, son toucher huileux, sa résistance à l’eau et aux rayures. L’idéal est d’utiliser une éponge humidifiée d’eau et un savon glycériné comme ceux utilisés en équitation : nettoyer le cuir sans faire de mousse et le laisser sécher à l’air libre, sans rincer. Pensez à le graisser 1 à 2 fois par an pour qu’il conserve ses propriétés.

Le nubuck

Qu’on l’appelle nubuck, velours, suédé ou daim, cette matière duveteuse nécessite un nettoyage particulier. Après l’avoir dépoussiéré avec un décrottoir, vous devrez le frictionner avec une brosse en crêpe (un caoutchouc alvéolé ou torsadé) ou éventuellement, métallique. Le cuir a ensuite besoin d’être nourri et recoloré avec un rénovateur en spray. En période pluvieuse, pensez aussi à l’imperméabiliser.

Les cuirs lisses

Moins le cuir est traité, plus il est fragile et nécessite un entretien adapté et soigné. Cela concerne particulièrement le cuir aniline, suivi de près par le semi-aniline.

Nettoyer, détacher et nourrir ces cuirs lisses s’effectue par petits mouvements circulaires, de préférence avec une chamoisine plutôt qu’un coton jetable (utiliser une autre partie dès qu’elle est sale). Privilégiez si possible le ou les produits que l’on vous a fournis ou recommandés lors de votre achat.

Le cuir lisse se nettoie tout d’abord avec une lotion ou un lait nettoyant spécifique afin de retirer la saleté, la plupart des taches et l’excès de cirage pour les chaussures. Canapés, fauteuils, vestes, accessoires de maroquinerie et paires de chaussures devront globalement être nettoyés 2 fois par an. Mais la fréquence de ce nettoyage dépend aussi de l’état et de la qualité du cuir ainsi que de son utilisation.

Pour les taches résistantes, il existe des détachants spécial cuir : des mousses, des lotions en flacon ou en spray que vous devrez utiliser après un dépoussiérage de la zone. Mais dans certains cas, seule une recoloration vous permettra de les estomper ou de les faire disparaître : grâce à une teinture ou en choisissant un cirage d’une teinte plus foncée que la couleur d’origine de vos chaussures.

Après ce nettoyage, les cuirs lisses ont besoin d’être nourris avec une crème : nourrissante et incolore pour les vestes et les sacs (notamment, en agneau et en chèvre), protectrice pour les canapés (taches, frottements, transpiration, rayons UV…) et “à cirer” pour les chaussures. À noter que certains nettoyants 2 en 1 sont cirants ou nourrissants, ce qui permet de nettoyer et nourrir le cuir en une seule fois.

Tous les 2 à 3 nettoyages, les chaussures peuvent aussi être cirées et lustrées avec une brosse dédiée et un cirage afin de retrouver leur brillance. Il n’est pas nécessaire de les imperméabiliser car le cirage est déperlant, c’est-à-dire que l’eau glisse dessus. Les vestes, de motard notamment, devront quant à elles être imperméabilisées pour durer dans le temps.

En définitive, nettoyer et entretenir du cuir demande beaucoup de précautions. Si les conseils donnés dans cet article sont valables dans la majorité des cas, il est tout de même essentiel de connaître la nature exacte de votre cuir afin de savoir quand, comment et avec quoi l’entretenir. N’hésitez pas à interroger votre vendeur, bottier ou cordonnier et à lire toutes les informations à votre disposition (étiquettes, pictogrammes…). Votre cuir vous remerciera !