Astuces de grands-mères pour le ménage : attention, danger !
En utilisant des méthodes de nettoyage naturelles ou “maison”, vous faites un geste pour votre santé, pour votre porte-monnaie et pour la planète. Enfin, c’est vrai la plupart du temps. Un certain nombre de sites et de blogs vous proposent des astuces de ménage sans les vérifier ou sans se soucier des conséquences à long terme.
À moins d’être un peu chimiste ou de suivre les recommandations d’authentiques experts, certaines d’entre elles présentent en effet de véritables risques. Au mieux, elles vont tacher ou abîmer les matériaux qu’elles sont censées nettoyer. Au pire, elles peuvent s’avérer dangereuses pour votre santé et celle de vos proches…
Les 1001 “astuces” de nettoyage du cuir
Le cuir est une peau d’animal (généralement de bovins) qui a subi une dizaine de traitements au minimum, mécaniques et chimiques. C’est donc une matière “vivante” mais qui n’a plus rien à voir avec son état d’origine.
L’erreur n°1 est de vouloir le nettoyer en profondeur. On parlera plutôt d’entretien que de nettoyage. S’il y a une chose à retenir à propos du cuir, c’est qu’il vaut mieux “prévenir que guérir” si vous voulez le garder impeccable.
Pour commencer, cette matière souple réagit très mal à l’excès et au manque d’humidité. Seul le cuir imperméabilisé peut être nettoyé à l’éponge. Le reste du temps, si vous l’imprégnez d’eau ou que vous faites mousser un produit, vous risquez de voir apparaître des taches, des auréoles, des craquelures après séchage ou des moisissures si la pièce est humide !
Les produits trop agressifs sont aussi à éviter, même dilués : qu’ils soient trop acides (vinaigre blanc, jus de citron), trop basiques (ammoniaque) ou trop abrasifs (pierre d’argile). Les brosses rigides et les grattoirs d’éponges sont également à exclure.
L’astuce de grand-mère la plus conseillée est de nettoyer et de nourrir le cuir avec du lait démaquillant. Ce produit peut en effet vous dépanner mais fragilisera le cuir à la longue car il contient beaucoup d’eau et est peu nourrissant. Préférez donc utiliser un lait, une crème, une huile ou une cire adapté au cuir que vous voulez entretenir.
Enfin, mettez aussi de côté ces deux “astuces” : le lait (de vache ou autre) qui tache le cuir et la peau de banane (oui, oui !). Cette dernière ne fait aucun bien au cuir, ses fibres s’incrustent dans les coutures et tacheront le cuir si vous ne les retirez pas.
La seule astuce valable est la Terre de Sommières (non chauffée) pour absorber le plus gros d’une tache de gras (qui devrait ensuite s’estomper avec le temps).
En les adaptant à chaque situation et à chaque cuir, vous pouvez également adopter ces gestes : dépoussiérer et lustrer le cuir 1 fois par semaine avec une chamoisine ou une brosse douce en poils naturels, le nettoyer 1 à 2 fois par an avec un nettoyant spécial cuir (séchage à l’air libre, à l’abri du soleil et sans utiliser de chaleur), le nourrir et/ou le traiter avec un produit dédié pour le protéger des taches et de l’usure, le détacher avec un produit spécifique ou demander conseil à un cordonnier.
Tout nettoyer avec du vinaigre blanc ?
Utilisé pur, dilué dans de l’eau ou mélangé à un ou plusieurs produits, le vinaigre blanc est considéré comme le nettoyant naturel multi-surfaces par excellence. Pourtant, ce n’est pas aussi simple…
Sa forte acidité peut endommager les matières poreuses : ternir et laisser des traces blanches indélébiles sur les pierres précieuses, le granit, le marbre et d’autres pierres naturelles, abîmer le ciment et le bois brut. Il dissout aussi progressivement les perles ainsi que la cire des meubles et des parquets cirés, laissant le bois sans protection.
De plus, le vinaigre blanc (tout comme le jus de citron) réagit avec certains métaux. Utilisé sur de l’acier inoxydable, il provoque à la longue des piqûres de corrosion, pouvant évoluer en traces de rouille puis en trous ! Il ne faut donc pas le laisser poser sur de l’inox, l’utiliser dilué dans de l’eau puis rincer abondamment à l’eau claire.
Pour l’aluminium, le risque est sanitaire. Selon l’Association Santé Environnement France (ASEF), l’aluminium devient soluble au contact de l’acidité. Il a été prouvé “qu’un aliment acide va entraîner une migration de l’aluminium vers les aliments1” (tomates cuites puis conservées une nuit dans un récipient en aluminium, abricots ou rhubarbe cuites dans un plat en aluminium…). Avec un pH situé entre 2 et 3, le vinaigre blanc risque donc d’absorber de l’aluminium, surtout s’il est très chaud.
Les études récentes montrent un lien avéré entre une exposition importante et chronique à l’aluminium et des troubles neurologiques et osseux2. À noter que sa toxicité augmente fortement en présence d’acide1. Dans la vie quotidienne, il y en a partout ou presque. Même si les quantités absorbées semblent minimes et donc sans danger, nettoyer une casserole en aluminium avec du vinaigre blanc n’est peut-être tout de même pas une bonne idée. Mieux vaut porter des gants si vous faites la vaisselle à la main !
Autre point nettement plus anecdotique, il est souvent conseillé d’associer le vinaigre blanc à du bicarbonate de soude. L’effervescence de ce mélange est utile pour déboucher une canalisation ou dégraisser une surface. Par contre, une fois cette réaction passée, il ne reste que de l’eau contenant de l’acétate, autrement dit, du vinaigre, ou éventuellement des restes de bicarbonate (“acétate”, du latin “acetum”, signifie d’ailleurs “vinaigre”). Au final, mélanger ces deux produits n’a pas de réelle utilité. Ils seront bien plus efficaces utilisés séparément.
- Pour en savoir plus sur le vinaigre blanc, consultez notre article dédié : Le vinaigre blanc, star des produits ménagers écologiques et économiques
Du talc à la place de la Terre de Sommières…
Pour absorber une tache de gras sur tous types de surfaces, la Terre de Sommières est la solution la plus sûre et la plus efficace qui soit. De nombreux sites proposent cependant des alternatives pour la remplacer, comme la farine ou le talc. Si la première option est simplement moins absorbante et risque de former une pâte collante, la seconde peut quant à elle présenter des risques pour la santé.
En effet, une étude du Ministère de la Santé canadien publiée le 22 avril 2021 révèle que le talc (en poudre libre, uniquement) est dangereux pour les poumons. S’il est respiré, il peut causer des lésions pulmonaires entraînant des troubles respiratoires (essoufflement, bronchite chronique, asthme…) : une talcose, aussi appelée silicose.
Selon cette étude, cela concerne surtout les expositions répétées mais une seule exposition importante peut également avoir des conséquences sur le long terme, en particulier chez les enfants. Mieux vaut donc éviter d’utiliser du talc ou, si vous devez vous en servir, porter (et faire porter) un masque pour ne pas respirer ses particules !
En fonction de sa provenance, le talc pourrait aussi contenir de l’amiante, une poudre de même couleur et de même consistance, connue pour être cancérigène et nocive pour les poumons. Si cela n’a pas été officiellement prouvé, cette éventualité n’a pas non plus été écartée. La société américaine Johnson & Johnson va d’ailleurs stopper la production et la vente de talc en 2023 suite à une série de procès sur ce thème.
Se renseigner avant de se lancer
En définitive, la précaution s’impose avant d’utiliser une astuce de nettoyage ou une recette “maison”. Tournez-vous autant que possible vers des sources sûres, de préférence des personnes dont c’est le métier (pressing, cordonnier, coutelier…) ou spécialisées et reconnues dans leurs domaines (via une structure officielle).
Si vous vous informez sur internet, n’hésitez pas à comparer les conseils d’un maximum de sites, en prêtant une attention particulière à ceux donnés par les fabricants. Dans le doute, privilégiez les produits au pH neutre pour tout ce qui se lave sans problème avec de l’eau et pensez à faire un test sur une zone non visible si vous utilisez une nouvelle méthode.
1 “L’aluminium, ce métal qui nous empoisonne : La synthèse de l’ASEF” (27 avril 2017) par l’Association Santé Environnement France
2 Étude de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa) et de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps) : “Évaluation des risques sanitaires liés à l’exposition de la population française à l’aluminium - EAUX, ALIMENTS, PRODUITS DE SANTÉ” (novembre 2003)
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