La laine et la soie : des fibres à entretenir avec délicatesse
Laine de mouton, mohair, angora, cachemire et soie, ces matières d’origine animale sont prisées pour bien des raisons. Contrairement aux idées reçues, ce sont des matières résistantes. Elles sont cependant classées parmi le linge délicat car elles doivent être entretenues avec beaucoup de soin et de douceur…
Des origines ancestrales
La laine de mouton est utilisée en Asie occidentale à minima depuis le Ve millénaire avant notre ère.
Elle vient surtout du mouton laineux ou “à laine”, un descendant du mouflon, domestiqué puis sélectionné pour son pelage de génération en génération.
Ce qu’on appelle mohair, angora et cachemire sont aussi des sortes de laine.
Le mohair et l’angora tiennent leurs origines d’Anatolie, l’actuelle Asie Mineure. Le terme “angora” vient du nom de la capitale de la Turquie, Ankara, appelée “Angora” du XIe au XVIe siècle. Il désigne des animaux ayant des poils longs et soyeux.
Le mohair est issu de chèvres angoras, connues en France dès le XVIIIe siècle. La laine angora provient quant à elle de lapins angoras, généralement albinos, dont les poils peuvent mesurer jusqu’à 13 cm de longueur.
Le cachemire vient de chèvres originaires du Cachemire, une région située au nord de l’Inde et du Pakistan, au sud de l’Himalaya. Il s‘agit d’une “sous-couche” duveteuse poussant sous leurs poils en hiver, particulièrement fine.
Certains camélidés sont également appréciés pour leurs laines : l’alpaga et la vigogne (Amérique du Sud) mais aussi des chameaux et des dromadaires (Mongolie, Inde, Pakistan, Afrique du Nord…). Il y a aussi de la laine de yack, de bison et de lama.
La soie est vraiment à part. C’est un filament fabriqué par les glandes séricigènes de certains insectes. Pour s’en procurer, des routes de la soie ont relié l’occident à la Chine durant des millénaires, seul pays à connaître les secrets de la sériciculture.
La soie lisse et brillante que nous connaissons aujourd’hui est issue de la chenille d’un papillon local : le Bombyx du mûrier ou Bombyx Mori. Avant de se transformer en chrysalide, cette chenille sécrète un fil unique pour confectionner son cocon, appelé “bave”, mesurant de 800 m à 1,5 km de longueur.
Il existe aussi des soies sauvages : le tussah (Inde), donnant un tissu appelé tussor ou encore le shantung (Chine), aux fibres rainurées. Elles sont plus lourdes, raides, mates et irrégulières que la soie d’élevage. On trouve enfin de la soie d’araignée qui est rare, chère et donne un tissu rigide. Elle est actuellement étudiée pour sa résistance et son élasticité exceptionnelles, supérieures à celles du Kevlar.
Des caractéristiques uniques
La laine est composée de kératine, comme les ongles et les cheveux. Elle est antistatique, presque infroissable, difficilement inflammable (combustion à 560°C), protège du froid et régule la température et l’humidité du corps.
Elle peut être plus ou moins fine. Selon son diamètre, on parle de laine grossière (40 à 35 microns), moyenne (35 à 25 microns), croisée fine (25 à 20 microns) ou très fine (moins de 20 microns de diamètre), comme la laine Mérinos et le cachemire.
Deux types de laine posent tout de même problème. La lanoline contenue dans la laine de mouton peut provoquer des réactions allergiques (apparition de boutons ou de plaques, démangeaisons…). Les courtes fibres du mohair se détachent des vêtements. Résultat : des poils de lapins se déposent partout sur votre passage !
De son côté, la soie brute (ou grège) est constituée de protéines (65 % de fibroïne et 20 à 25 % de séricine), d’environ 12 % d’eau et de résidus d’autres matières. Dans l’industrie textile, elle est nettoyée pour ne conserver que la fibroïne, une matière transparente, légère, souple et résistante.
Une fois transformée, la soie (de Bombyx Mori) est douce et lisse au toucher, fluide et chatoyante. Elle est rafraîchissante en période de chaleur, isole du froid en hiver et se froisse peu. Cette matière luxueuse est très utilisée en haute couture mais aussi pour confectionner des rideaux, des coussins et des parures de lit hauts de gamme.
La laine et la soie craignent l’eau (trempage, lavages répétés, traces d’eau sur la soie…), la chaleur intense, les rayons du soleil, les frottements et les produits chimiques. Que votre vêtement soit à 100 % en laine, en soie ou non, son entretien devra toujours être adapté à la fibre la plus délicate.
Comment laver la laine et la soie ?
Sauf indication contraire, mieux vaut laver ces tissus à la main et à l’eau tiède (température allant de 20 à 30°C). Choisissez une lessive spéciale laine et soie, laine ou pour linge/textiles délicats, de préférence au pH neutre et d’une composition aussi naturelle que possible. L’adoucissant et l’assouplissant sont à éviter.
Pour la soie et les teintures végétales, assurez-vous au préalable qu’il n’y a aucun risque de décoloration. Pour cela, il suffit d’imprégner d’eau tiède un linge en coton et de l’appliquer 5 à 10 secondes sur une partie non visible (sur un ourlet côté intérieur, par exemple). En cas de transfert de couleur, mieux vaut vous tourner vers un pressing pour le premier lavage ou un nettoyage à sec.
Il est parfois possible d’utiliser votre lave-linge (voir étiquette). Dans ce cas, veillez à suivre ces recommandations : placer chaque vêtement dans une pochette de lavage ou une taie d’oreiller en coton fermée (sans éléments métalliques), choisir un lavage à froid ou “à la main”, un essorage minimum et laver chaque couleur séparément.
Pour retirer une tache, n’utilisez surtout pas de détachant ou d’eau de javel : l’ammoniaque est parfaite pour la soie comme pour la laine. Pensez à mettre des gants, un masque et à aérer la pièce avant de diluer ce produit dans de l’eau tiède (1/4 d’ammoniaque pour 3/4 d’eau). Afin d’éviter les taches d’eau, la soie doit être mouillée entièrement avant d’entamer le détachage. Il suffit ensuite d’imbiber un chiffon en coton et de frotter la tache avec la plus grande délicatesse : de l’extérieur vers l’intérieur, en rinçant à intervalles réguliers avec une eau de même température.
Les lavages devront être aussi espacés que possible, à deux exceptions près : le cachemire, à laver après avoir été porté deux ou trois fois maximum, et la soie, à nettoyer aussitôt si elle a été imprégnée de déodorant, de transpiration ou de parfum.
Le séchage
Pour la laine et la soie, le sèche-linge est absolument à bannir car il génère une forte chaleur. Essorer en tordant le linge est aussi une mauvaise idée, tout comme utiliser un étendoir ou un fil à linge qui risquent de marquer et de déformer les fibres.
L’idéal est de placer votre vêtement à plat sur une serviette éponge et d’en mettre une autre au-dessus pour absorber un maximum d’eau. Vous pouvez appuyer doucement dessus afin d’accélérer le processus (sans frotter). N'hésitez pas à remplacer les serviettes mouillées par des sèches autant de fois que nécessaire.
Quand le vêtement n’est plus gorgé d’eau mais simplement humide, vous pouvez le laisser sécher sur une nouvelle serviette (sans rien dessus) : toujours à plat, à l’abri du soleil et loin des sources de chaleur.
L’autre option est de le mettre sur un cintre, à condition de bien le choisir. Il doit être d’une forme adaptée (cintres galbés pour les vestes et les manteaux, arrondis pour les autres vêtements), lisse (sans encoche ni pince) et de préférence en bois. Les cintres métalliques, trop fins ou trop souples sont à éviter.
Et le repassage ?
Si le lavage et le séchage se sont bien déroulés, il n’est normalement pas nécessaire de défroisser la laine et la soie.
Au besoin, vous pouvez placer votre vêtement sur un cintre et le suspendre dans votre salle de bain ou de douche. La vapeur dégagée fera tout le travail.
L’autre méthode est d’utiliser votre fer à repasser comme un défroisseur. En restant à bonne distance, il suffit d’activer la vapeur et de l’orienter vers votre vêtement. Mais attention ! Aucune goutte d’eau ne doit atteindre la soie. La vapeur peut être dirigée en dessous afin de remonter dans ses fibres sans la toucher.
Bien que déconseillé, il est également possible de repasser la soie et la laine. Pensez à régler votre fer au minimum de sa puissance et à désactiver la vapeur pour la soie. Mieux vaut poser une serviette sur votre vêtement en laine afin de passer dessus. Le repassage de la soie se fait quant à lui sur l’envers, sans appuyer.
Bien ranger les soieries et les lainages
À chaque fois que vous devez remettre des vêtements en laine ou en soie dans votre dressing ou votre armoire, assurez-vous de prendre quelques précautions.
Pour qu’ils ne risquent pas de moisir, ils doivent être parfaitement secs et rangés dans une pièce bien ventilée et non humide.
Les lainages peuvent être légèrement secoués pour les aérer et les débarrasser de ce qui pourrait se trouver dans leurs fibres (poussière, miettes, cheveux…).
Les gilets, pulls et chandails devront ensuite être pliés pour ne pas se déformer. Au contraire, la soie, légère et fine, ainsi que les vestes et les manteaux apprécieront d’être mis sur cintre.
Nous vous recommandons de ne pas porter le même vêtement plusieurs jours de suite car il risquerait de s’abîmer prématurément. Préférez le porter une fois par semaine ou, au maximum, tous les deux ou trois jours.
Les protéger des mites de vêtements
La laine et la soie ont des ennemis naturels : les mites ou teignes des vêtements, des papillons de nuit de la famille des Tineidae (Tineola bisselliella et Tinea pellionella). Ces insectes sont absolument inoffensifs pour l’être humain mais peuvent être dévastateurs pour les fibres naturelles.
À leur sortie de l’œuf, les larves se nourrissent de matières organiques constituées de protéines (fibroïne de la soie, kératine de la laine et des plumes) et de glucides (cellulose du coton et du lin). Cela inclut aussi la fourrure et le cuir. Les mites des vêtements prolifèrent dans des environnements chauds (autour de 25°C), calmes, humides et sans lumière. Elles sont aussi attirées par l’odeur de la transpiration.
Pour vous en prémunir, vous pouvez adopter ces quelques gestes : laver vos vêtements avant de les ranger pour une longue période, aérer vos placards régulièrement, les vider ponctuellement pour aspirer l’intérieur, laisser de temps en temps vos vêtements prendre la lumière (mais pas en plein soleil) et vérifier qu’il n’y a ni oeuf ni larve dans vos achats en fibres naturelles, surtout d’occasion.
Vous pouvez également utiliser un répulsif naturel : l’huile de cèdre. Le plus simple est d’avoir recours aux boules de cèdre, imprégnées de cette huile. Vous pourrez les attacher à un cintre dans votre penderie ou les déposer dans vos tiroirs et étagères. En début d’été, pensez à en changer ou à remettre de l’huile.
- Pour aller plus loin, consultez notre article dédié ”Comment fabriquer un anti-mite fait maison ?”
Comme vous le voyez, l’entretien de la laine et de la soie n’est pas des plus simples. Mais si vous suivez toutes ces recommandations, vos vêtements resteront beaux et pour longtemps ! N’est-ce pas tout ce qui compte au final ?
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